Aya de Yopougon par Abouet et Obrerie
Acte manqué
Est-ce un acte manqué que de passer à côté d'un ouvrage qui peut devenir un incontournable, un classique ?
reconnaître que cela ne m'avais pas tenté. "Encore une crise de larme/prise de conscience sur le continent maudit !... Pas la tête à ça en ce moment ! .... On verra plus tard !"
Lors d'une soirée "Café BD", quelqu'une a présenté "Aya". Tiens je ne retrouvais pas les idées reçues (misérabilisme, sida, totalitarisme, famine... liste non exhaustive et dans le désordre) auxquelles je m'attendais. Non, là, on me parlait d'adolescence, de fêtes, d'amour, de bière.... de vie !...
Depuis, je surveillais à la bibliothèque le retour du Tome 1...
L'attente fût longue mais récompensée...
J'ai dévoré la centaine de planches assez rapidement et je me suis jeté sur la suite.
Aya une jeune Ivoirienne ne compte pas se laisser marcher sur les doigts de pieds et est décidée à tout faire pour réussir ses études et devenir médecin. On la suit dans son univers ensoleillé , accompagnée par ses deux amis et tout un florilège de personnages trans-générationnels, les destins se croisent au gré des amours des jeunes et des alliances des aînés. Si notre guide est on-ne-peut-plus sérieuse (trop ?), les faire-valoir (Adjoua, Bintou, Moussa...) sont plus ambigus et c'est sur eux que repose l'aspect humoristique du livre. Une fois les pages lues, le quartier populaire de Yopougon n'a rien a envié aux rues d'autres séries bd ou télévisuelles.
Ce que j'ai apprécié, tout d'abord, dans "Aya", c'est l'aspect a-temporel de la série. Les auteurs se sont globalement débarrassés de tout ce qui pourrait permettre de dater l'histoire. Ce qui par ricochet assure contre les risques de vieillissement prématuré et d'obsolescence. On comprend tout de même que nous nous trouvons plongés dans les années 70 mais cela ne pose pas de problème.
D'autre part, comme je l'ai dit plus haut, le pitch pourrait être transposé dans un univers européen, étatsunien ou asiatique. Bien entendu il n'y a pas de doute, nous sommes en Afrique mais les sujets abordés sont tellement universels (les sorties, les amitiés, les amours, les lendemains qui chantent ou déchantent, les plans pour déjouer la surveillance des parents) que l'on s'identifie rapidement à ce petit monde.
Finalement, pas de larmes ni de bons sentiments qui dégoulinent mais de l'espoir et de la bière qui coulent et se partagent. On ne rêve que d'aller décaler avec les gazelles dans les maquis (si vous avez du mal à suivre, plongez vous dans le lexique fourni en bonus dans l'album).
A lire.... sans tarder !
Remarque 1 : cette chronique montre l'intérêt des soirées "café-BD" dont la prochaine aura lieu le 17 avril au CNBDI.
Remarque 2 : je n'ai pas trop su dans quelle catégorie ranger cet album... Franco-belge... ppfffff...
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